JACK + and you let her go.

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Hold me close, hold me close and don’t let me go
Hold me close like I’m someone that you might know
Hold me close, the darkness just lets us see
Who we are
I’ve got your life inside of me
- u2 ~ iris (hold me close).

« Est-ce qu’il vous arrive d’oublier qui vous êtes ? »
La question, posée par la femme à qu’il venait de servir un verre, frappa Jack de plein fouet. Cette question, il ne se l’était encore jamais posée, et qui résonnait dans sa tête, tant elle était pleine de sens.
« Oublier qui je suis ? … Il m’arrive parfois de me rappeler qui je suis, » fut la réponse qui lui vint à l’esprit, regardant droit dans les yeux cette femme, dont il ne parvenait plus à détacher le regard à présent.
« Alors, vous aussi ? Je pensais bien être la seule dans ce cas, » lui répondit la jeune femme, baissant les yeux sur ce verre de whisky, qu’elle n’avait pas encore entamé. Finalement, elle l’attrapa pour le boire cul sec.
« Si je peux me permettre, c’est quoi votre nom ? … On est dans une petite ville, je sais quand j’ai un nouvel arrivant face à moi. » Jack souriait. C’était rare de voir de nouveaux visages, en particulier lorsqu’une personnalité pareille se cachait derrière.
« Je m’appelle Elena, » acheva-t-elle, tendant la main au-dessus du comptoir pour serrer la sienne.

(…)

Jack a le souvenir d’une enfance heureuse.
C’était probablement pour cette raison qu’il voulait tant fonder sa propre famille, pour reproduire ce schéma idyllique.

(…)

« Je déteste les enfants. Ils sont toujours couverts de morve, à s’écorcher les genoux, à mettre du chocolat plein leurs vêtements … »
Ce n’était pas la première fois que Jack et Nora abordaient le sujet. A chaque fois, il espérait que le point de vue de son épouse changerait, qu’elle serait capable de s’imaginer ayant un enfant.
« Et ils sont joueurs, aimants, et procurent tellement d’autres choses que leurs parents sont capables d’oublier le reste. » Jack, lui, souriait. Il s’imaginait tellement en père de famille, dans une maison pleine d’enfants.
« On en a déjà discuté, et je sais que ça compte pour toi, mais moi je ne veux pas, je ne peux pas … » Elle soupirait, enfouissant sa chevelure contre la poitrine de son époux. Ce débat revenait tellement souvent, et Nora se sentait tellement mal de lui dire non à chaque fois.
« Tu sais que je t’aime, et que tu me suffis, enfant ou pas, » lui répondait-il, comme à chaque fois.

(…)

Il était un frère présent.
Marilyn et Candace devaient le supporter, et ne s’en plaignaient pas trop. La vérité, c’était qu’ils avaient tous les trois une relation très fusionnelle. Ils avaient été élevés dans cette perspective de proximité, ce côté très « clan » qu’avaient les familles irlandaises.
« Tu sais qu’on sera toujours là pour toi, hum ? » C’était Jack qui parlait, serrant dans ses bras sa jeune sœur qu’était Candace, prête à faire le tour du monde.

(…)

« Mais, Jack, c’est juste … » Nora était ébahie.
Lui, il riait de voir cette jolie jeune femme, tellement sûre d’elle, aussi … étonnée ? Aussi sceptique ? « Une ruine, je sais. » Il savait très bien ce qu’il venait d’acquérir.
« Et donc, tu comptes faire de ça un bar ? » Il hocha la tête.
Sa rencontre avec Nora, ainsi que l’acquisition de ce qui allait devenir le « Wicked Lady » dataient de la même époque. Jack se sentait alors perdu, ayant abandonné New York et sa carrière de courtier.
« En effet, j’ai tout imaginé. L’ancien proprio me l’a vendu pour une bouchée de pain. Tout ce qu’il me faut, c’est un nom. Nora ? »
Nora avait été comme sa bouée de sauvetage.
La rencontrer lui avait permis d’ouvrir les yeux, et de reprendre confiance en lui. Cette assurance naturelle, ainsi que cette façon de balancer ses cheveux en arrière l’avaient charmé, ce jour-là.
« Hum … Je t’aurais bien proposé de le baptiser Nora, mais les gens feront trop facilement le rapprochement. The Wicked Lady ? »
Ils n’avaient pas tardé à devenir amants, pour finalement être incapables de concevoir la vie l’un sans l’autre.

(…)

Il n’a jamais été très proche de son père.
Celui-ci était souvent absent, et les rares fois où il était présent, Jack faisait tout pour essayer de lui plaire. C’était souvent en vain.
En vieillissant, Jack avait fini par comprendre que sa conduite était stupide.

(…)

Avec Elena, il se sentait bien.
Il se sentait tellement mieux que lors de ces derniers mois, où il avait la sensation d’être tombé dans une espèce de monotonie, de ne plus rien avoir à découvrir.
« Tu penses à quoi ? » demanda la jeune femme, balançant ses boucles brunes en arrière. Elle souriait, tandis que Jack tirait une bouffée de sa cigarette. Finalement, elle blottit son visage contre son torse.
« A demain. J’ai vraiment hâte de te présenter à Marilyn et Candace. Tu verras, elles sont géniales, elles vont t’adorer. » Sur ce, il tira de nouveau sur sa cigarette.
« Tu es sûr, Jack ? Par rapport à Nora … » Ce n’était pas la première fois qu’Elena manifestait son inquiétude vis-à-vis de Nora. Être la nouvelle femme, celle qui avait pris la place de l’autre, n’était pas une chose facile.
Surtout lorsque toute la ville était au courant, et qu’on n’avait emménagé que quelques mois auparavant, ce qui était le cas d’Elena.
« J’en suis sûr. Elles verront avant tout à quel point je suis heureux avec toi, » répondit Jack, embrassant le front de la jeune femme.
Il était réellement apaisé. Il avait trouvé un équilibre. C’était à la fois violent et passionnel, comme cela pouvait être doux et tendre. Il avait l’impression d’être un homme nouveau, meilleur à ses côtés.

(…)

Nora n’avait pas dit grand-chose, lorsqu’il lui avait annoncé qu’il la quittait.
Jack se demandait si elle était au courant, de cette liaison. Peut-être était-ce le cas, après tout. Peut-être s’y attendait-elle, à cette demande de divorce sur la table de la cuisine. Mais, il n’était pas calculateur, il n’avait pas prévu tout cela.
Surtout le sentiment de culpabilité.