She said don't you worry if i disappear (délai jusqu'au 05/12)

Chapitre 1.
The marks humans leave are too often scars
Flashback de souvenirs des années 2004

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Réveillé après de longues heures d’insomnie, hanté par des rêves dont tu faisais partie, je te regardais dormir. Toi, la femme qui partageait dorénavant ma vie, mes draps. Roselyn. Roos, comme tu préférais te faire appeler, mais ça, je le savais depuis bien longtemps, plus longtemps que tu croies. Encore une fois, j’étais rentré tard du boulot, une habitude ces derniers temps. À mon arrivée, tu dormais paisiblement. Je n’avais jamais vraiment aimé personne avant toi. Quelques amourettes, mais aucuns sentiments aussi forts que ceux qui m’envahissaient en ta présence. Une douce brise matinale faisait onduler les rideaux de notre chambre à coucher alors que je regardais ton corps onduler dans les draps que nous partagions. J'observais ta cage thoracique se soulever à mesure que ton souffle s’échappait de tes lèvres.  J’étais bel et bien étendu dans un lit avec toi, mais mon esprit était à des milliers de kilomètres d’ici.

Je me souviens de la première fois que je t’ai vu comme si c’était hier. Je te revoyais encore, vêtue d'un uniforme tout de noir, un col en v et une jupe t'arrivant à la mi-cuisse, les cheveux noués de tresses, soigneusement remontés de quelques épingles. Attablé, au fin fond du petit café, une boisson caféine aux lèvres, je ne pouvais te quitter des yeux. Un sourire franc accroché aux lèvres, un rire cristallin, délicat, prenant les commandes et retirant les assiettes, tu étais la plus belle femme qui m'avait été donné de rencontrer. Puis, nos regards se croisèrent, tu t’avanças vers ma table, même si je n'étais pas ton client. C’est là que je vis sur l'insigne de ton uniforme que tu te nommais Roselyn. Un si joli prénom pour une si jolie jeune fille. Tu immobilisas la cafetière juste au-dessus de ma tasse, attendant un signe de ma part. Puis, maladroitement, tu en renversas sur la manche de ma chemise blanche. Presque immédiatement tu te confondis en excuses et tu utilisas la carte de l'autodérision, qui plus tard, je le saurais, était l'une de tes cartes favorites à jouer.  Tu tamponnas ma manche pendant quelques minutes en répétant à quel point tu étais maladroite. J'eus irrévocablement un coup de foudre pour toi. Il y avait quelque chose dans ton regard qui me donnait envie de m'abandonner en toi, de te protéger, de t'aimer.

Je suis revenu quelquefois à ce café, mais tu n’y travaillais plus.

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Chapitre 2.
Life is what happens while you're busy making other plans
Flashback de souvenirs des années 2006

Un vendredi soir, deux ans plus tard, je te revis. Vêtue d’une robe en dentelle blanche, les cheveux bouclés remontés en un chignon, un sourire éclatant, tu n’avais pas changé. De l’autre côté du bar, tes amies et toi me lançaient des œillades. Je ne pouvais pas te quitter des yeux. Je t’avais enfin retrouvé. J’avais cessé d’espérer. Ce soir-là nous sommes repartis ensemble et nous avons parlés toute la nuit. Nous nous sommes échangés nos numéros. Quelques jours plus tard, je pris mon courage à deux mains.

J’emplis mes poumons d’une bouffée d’air fraîche et saisis mon portable. Mes doigts enfoncèrent les touches, un peu maladroitement. La première sonnerie retentit et mon cœur bondit. Expire, inspire. Reid à l’appareil. Lançais-j en décrochant le combiné, un peu trop solennel comme introduction, je devais avouer que ce n’était pas ma meilleure entrée en la matière, loin de là.  Je devais impérativement me détendre. Ici Roos dix quatre, rétorquas-tu, amusée. Immédiatement lorsque j’entendis ta voix mielleuse, sereine et enfantine, je me calmais, illico presto. Meilleur remède que le yoga. Ah Roselyn! Répondis-je sur un ton enthousiasme, trop, peut-être. Qui a-t-il de nouveau ? T’empressas-tu d’ajouter, histoire de meubler la conversation. Pas grand-chose. La cuisine habituelle! Affirmais-je d’un ton las, ce qui laissait présager qu’une question brûlait mes lèvres. J’adore les hommes qui cuisinent. C’est tout moi. Un tablier accroché aux hanches et de petits plats qui mijotent dans le four, répliquais-je sur une note d’humour. Je visualise tout à fait, commentas-tu, accompagné d’un rire candide, tu imaginais très bien la scène, j’en étais certain. Alors, quand est-ce que je t'invite à sortir ? Lâchais-je, comme un bombe, droit au but. Aucun détour, aucune joute verbale, rien que la pure simplicité. En effet. Mais c‘était ma devise. Toujours être direct. Ainsi deux possibilités s’offraient à moi, soit, tu refusais, catégoriquement, soit tu acceptais, ce que je souhaitais ardemment.

Je suis assez flexible, tu lâchas, sur un ton se voulant désinvolte, laissant sa phrase en suspens. Rien que pour me faire languir. Depuis cette soirée au Billy Sunday, je ne pensais qu’à toi. Tu étais mille fois mieux que tout ce que je m’étais imaginé.

Intéressant, te taquinais-je, mais gardons ça pour plus tard, d’accord ? Dites-moi plutôt quand tu es libre? C’est malin. Ce soir, m’enquis-je, sur un ton inquisiteur, j’espérais de tout mon cœur que tu dises oui, tout mon être le souhaitait. Je crois que même mes doigts de pieds se croisaient à l’instant même, afin d’attiser la chance. Ne sait-on jamais.

Je suis tout à vous, déclaras-tu, sur un ton joyeux. Hourra.

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Chapitre 3.
Happiness is a journey not a destination
Moment présent

Comment avait-on pu en arriver là ? Comment en était-je arriver là ? J'avais commis l’irréparable, j'avais commis l'adultère.

Notre relation depuis peu s'essouffle. Ou peut-être est-ce la routine qui s'installe. Notre relation d'avant me manque. Tous ces rires et ces sourires complices. Tous ces moments de spontanéité. Toutes ces soirées passées ensemble à parler de tout et de rien. Tout ça me manque.

Depuis quelques semaines, je suis pensif, je rentre très tard du boulot, je réfléchis. Je suis une dans une impasse. Je sais que je ne peux pas lui dire, mais je ne peux pas vivre non plus avec ce fardeau.