We found ourselves some treasure, and threw it all away. {R}

My heart's a stereo, it beats for you so listen close. Hear my thoughts in every no-o-o-te. La voix aiguë de Adam Levine résonnait dans ses oreilles telle une fanfare à un match de football. Robbie n'était pas un fan du chanteur, mais cette chanson lui plaisait tout particulièrement et il ne pouvait pas dire pourquoi. À bout de souffle, Odair s'arrêta au coin de la rue et siffla pour faire signe à ses copains de faire de même. Sa taille était accaparée de nœuds et de crochets qui servaient à titre de harnais pour les chiens lui tenant compagnie. Il n'y avait que Calvin et Dolce aujourd'hui, mais il ne s'en plaignait pas. Une charge moins importante de temps à autre ne faisait jamais de mal. Robbie leva les yeux et son sang se glaça : il était à quelques mètres de la demeure de Merrin. Cette douce Merrin. Elle n'était pas comme les autres et pas seulement parce qu'elle avait un gosse. Enfin si, car Robbie s'était juré de ne jamais fréquenter une personne qui avait un gamin, mais elle était si différente, si... fraiche. Dit comme ça, on aurait pu croire qu'il parlait d'un morceau de viande, mais il était tellement maladroit lorsqu'il était question de Merrin et ça le perturbait. Rob fit le tour du pâté de maisons une dizaine de fois au moins avant de se résoudre à sonner chez elle. Il n'avait pas annoncé sa visite, il espérait qu'elle allait être là - ce qui devait être plus que probable à une heure si matinale. « Bon matin! » Lança-t-il lorsque la porte s'ouvrit sur lui. Une Merrin on ne peut plus déboussolée l'observait comme s'il était un alien tout droit sorti d'un film d'horreur. « Je--j'étais dans le coin, alors je me suis dit que je passerais te saluer. » Il avait l'air d'un idiot, mais il l'assumait plutôt bien. Non seulement il était en short (très court) à neuf heures du matin au pas de sa porte, mais en plus, tous les mots qui sortaient de sa bouche étaient une catastrophe après l'autre. Heureusement, ce n'était pas un de ces matins où il faisait son jogging torse nu. Après tout, la dernière chose qu'il voulait s'était ruiné ses chances avec la belle parce qu'il avait l'allure d'un exhibitionniste. « Je te présente Calvin et Dolce. » Lui annonça Rob en posant son regard noisette sur le Bull Terrier et le Bichon maltais. Les deux chiens semblaient avoir beaucoup de plaisir à mâchouiller les bords du tapis de bienvenue. Légèrement embarrassé, Robbie laissa un rire nerveux s'échapper. Le pauvre, ce n'était pas sa journée. Il tira fermement sur la corde qui le reliait aux fauteurs de trouble pour les remettre à l'ordre, puis il passa une main dans sa chevelure abondante. « J'espère que je ne te déranges pas, je peux repasser si tu préfères. » Bien sûr que tu la déranges, espèce de cloche! se réprimanda-t-il intérieurement. Avec le sourire qu'il avait accroché jusqu'aux oreilles, personne n'aurait pu imaginé qu'il se maudissait en silence.

La nuit fut courte. Affreusement courte. Si pour une grande partie des femmes de son âge les nuits courtes étaient synonymes de corps à corps endiablés, les raisons d'insomnies de Merrin étaient toute autre. Elles se résumaient en un seul nom: Lili. Ce petit diable avait décidé de tenir éveiller sa mère tout le long de la nuit, ne trouvant pas le sommeil -ou probablement ne souhaitant pas le trouver. Entendre pendant plus de cinq minutes les pleurs de sa fille dans son berceau, l'attente dans l'espoir qu'elle s'endorme, l'a mettait au supplice. Merrin était ce genre de mère qui n'arrivait pas à supporter entendre son enfant pleurer plus de dix secondes. La petite avait très certainement fini par flairer le truc et en abusait très probablement à outrance. On lui avait toujours recommandé de ne jamais sous estimer l'intelligence de ces jeunes cerveaux. Et si elle se laissait volontairement mener par le bout du nez par Lili de temps à autre, elle n'était pas dupe du petit jeu de la gamine. Merrin se permettait seulement d'être plus laxiste que d'autres parents sur certaines choses en vue de leur situation familiale particulière. Un tour de poussette le long de la plage, un tour en voiture, de nombreuses berceuses chantées, rien n'est parvenu à assommer de fatigue la petite. Ce fut seulement à la lueur des premiers rayons du soleil perçant les rideaux que Lili a fini par s'assoupir dans le lit de Merrin. Et là encore, deux petites heures suffirent à sa fille pour recharger les batteries avant de réclamer à nouveau son attention. Dans un bâillement, les yeux cernés du manque évident de sommeil, elle attrapa un peignoir qu'elle enfila avant de prendre sa fille dans ses bras et d'aller préparer son biberon. Après quelques gestes approximatifs, elle parvint finalement à préparer le petit-déjeuner de la petite. Et ce fut bien évidemment au moment où Lili fini miraculeusement par s'endormir en tétant son biberon dans son transat, qu'une personne eut l'ingénieuse idée de venir sonner à sa porte. Retenant son souffle quelques secondes, elle dévisagea l'enfant, priant que ce bruit ne vienne par perturber son sommeil. Fort heureusement, après un petit soupir, elle garda les yeux bien fermés. Si c'était Niels, il allait l'entendre, combien de fois lui avait elle bien expliqué de ne jamais sonner sur cette foutu sonnette. Resserrant la ceinture de son peignoir sur sa nuisette, elle de dirigea dans l'entrée pour ouvrir à son invité. « Robbie. » souffla t'elle dans un murmure presque imperceptible, plus pour elle même. Il était bien la dernière personne qu'elle aurait imaginé derrière cette porte. Elle baissa le regard vers les deux chiens qu'il lui présenta. Elle ne put réprimer un petit rire moqueur à l'entente des noms, leur maître respectif devait très certainement appartenir au cercle mondain de Ravenel et qui dans toute leur originalité appelait leur chien en l'hommage de marque de luxe qu'ils affectionnaient. D'un cliché. Merrin plongea à nouveau son regard dans celui de Robbie. Son sourire provoqua un agréable frisson le long de sa colonne vertébrale. Seigneur! Il réveillait chez elle des désirs qu'elle pensait enfoui à jamais.  « Non tu ne me déranges pas, ça me fait plaisir de te voir. J'allais justement faire du café. Je t'en prie entre. » Merrin s'écarta de la porte qu'elle tenait jusqu'ici si fermement que les jointures de ses doigts en étaient blanches. Oui, Robbie Odair l'a mettait d'une façon indéfinissable mal à l'aise. Ou il serait plus exacte de dire que l'attirance qu'elle avait pour lui l'a troublait plus que de raison. Installés dans la cuisine, elle le contempla silencieusement quelques secondes tout en s'affairant à préparer le café, et se perdant dans ses fantasmes. « Tu me veux comment ? » Silence. Merde. Non, non elle n'avait pas pu réellement dire ça. Sa foutu langue avait fourché. Le manque de sommeil ne lui était vraiment pas bénéfique. Tout comme la frustration sexuelle qu'il lui faisait ressentir ne l'aidait pas. « Ton café. Je veux dire comment tu veux ton café. » se reprit elle aussitôt dans un rire gêné, attrapant prestement une tasse pour éviter le regard de Robbie et qu'il ne voit ses joues s'enflammer.