it comes and goes (r)

it comes and goes

Some people believe that without history, our lives amount to nothing. At some point, we all have to choose. Do we fall back on what we know? Or, do we step forward, to something new? It’s hard not to be haunted by our past. Our history is what shapes us, what guides us.
 

  Un autre jour passe pour Cora et pourtant rien ne change. C'est toujours les mêmes limbes dans lesquelles elle s'est engluée et qui la clouent au sol, à observer son propre désespoir. Les heures s'écoulent en journées, en semaines mais son chagrin a toujours ce goût amer qui lui donne envie de vomir son coeur. C'est l'odeur métallique du sang, l'arrière-goût des médicaments et le vide qu'Ansel a laissé dans sa vie. Elle l'aimait. Il est mort. Et maintenant Cora doit continuer à vivre. Celui qui a inventé le concept d'avancer avec sa vie a certainement oublié un détail ? Et s'il n'y a rien vers quoi avancer. Plus de boulot, plus d'amant, des dizaines de ses proches qui lui ont tourné le dos. Vers quoi Cora doit-elle se diriger ? Elle n'en a aucune idée. Ce n'est pas faute d'essayer, Cora a toujours eu le caractère d'une battante mais aussi la logique d'un médeci. Quand on ampute un patient d'une jambe, on lui met une prothèse pour qu'il puisse avancer de nouveau. On remplace ce qui a été perdu. Cora a perdu l'amour, elle doit essayer de le trouver une nouvelle fois pour remplir sa vie avec autre chose qu'un dégoût profond pour elle-même. Tout au fond de ses entrailles, elle sait que c'est elle plein déni. C'est comme ça que ça marche le deuil. Déni, colère, négociation, chagrin, acceptation. C'est une chose de le savoir, une autre de le vivre. Alors voilà, Cora continue de chercher en essayant de passer de la case déni à la case bonheur. Ca marchait bien pour elle quand elle jouait au Monopoly. C'est pour ça que ce matin là, une fois de plus, elle se réveille endormie à côté d'un inconnu. Cora se rappelle l'avoir embrassé, l'avoir suivi chez lui mais elle n'a rien ressenti. Pas de frissons, pas de feux d'artifice, pas de sentiment d'être enfin rentrée chez elle. Ca ne le surprend même pas. Elle avait trouvé ses mains trop petites, ses bras trop longs, tout son corps mal proportionné. Elle ne l'a suivi que parce que rentrer seule chez elle a quelque chose de terrifiant. Avec une attitude froide et clinique, Cora se lève, se rhabille et part sans un bruit. Une sensation de vide creuse son estomac et même si elle s'arrête s'acheter une brioche, ce n'est pas de la faim, ça ne disparait pas. La journée passe comme ça, longuement. Cora travaille un peu - un étudiant l'a finalement contacté pour qu'elle l'aide à faire une dissertation sur Shakespeare. Ca pourrait être pire et Cora se trouve distraite toute la journée à en apprendre plus sur les périodes de trouble de l'homme. Elle refuse néanmoins de penser qu'il lui ressemble un peu. La nuit tombe plus vite que le jour ne s'est levé et Cora se fait réchauffer un plat préparer qu'elle avale sans appétit avant d'attraper ses affaires et de sortir pour une nouvelle soirée. Il n'y a que dans les bars qu'elle se sent bien. L'odeur de fumée, les rires lourds chargés d'alcool, ça respire la vie. Comme d'habitude, elle commande téquila sur téquila. On lui en offre plusieurs et elle se laisse tenter par une vodka redbull. A deux reprises. Il est tard, très tard quand elle réalise que d'un le bar va bientôt fermer. Deux, elle n'a trouvé personne avec qui passer la nuit - l'idée l'angoisse brutalement alors qu'elle s'imagine son appartement noir, froid et abandonné. Trois, son coeur bat beaucoup trop vite. Cora titube dehors, les pensées embrouillées - elle a assez de présence d'esprit pour réaliser que le mélange d'alcool ne lui a pas réussi. Le monde s'embrouille et Cora finit par se laisser glisser, par terre. Elle prend sa tête entre ses mains et essaie de respirer calmement alors que le monde se dérobe sous ses pieds. Elle ne sait pas si elle flotte ou coule, si elle est saoule ou malade, si elle est encore consciente ou en train de dériver. Plus rien ne fait sens. « Je crois que je vais rester là. » finit-elle par déclarer. Il n'y a personne pour l'entendre mais ça, ça n'a pas tant d'importance.

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