All the pain the tears I cried still you never said goodbye. (harper)

Je marche, l’air complétement ailleurs, sans prêter attention aux différentes choses qui défilent près de moi. Ce marché de Noël me rend triste, complètement triste pour la simple et bonne raison que je n’ai plus de famille. Mon frère jumeau – et unique pilier – n’est plus près de moi, préférant la compagnie d’une blondasse en Australie. Je ressens ce manque, constamment. Je me sens mal dans ma peau, c’est indéniable. Comment être d’une humeur aussi festive quand tous ceux que j’aimais m’ont tourné le dos ? Je ne sais pas comment font tous ces gens, qui n’ont personne à qui se confier. Je suis dans une spirale infernale, perdue entre différents sentiments. Le regret est probablement la pire chose qui m’habite, je regrette terriblement ces choses que j’ai pu faire. J’ai été égoïste, je le sais et pourtant, je ne peux plus faire machine arrière. Je n’arrive plus à sourire, je ne peux plus me regarder dans un miroir sans avoir envie de le briser. Etre forte n’est plus dans mes cordes, j’en ai assez. Mon pied butte sur une racine qui dépasse, et par malchance je manque de tomber sur le sol. Un pauvre enfant qui se trouve non loin de là ne trouve rien de mieux à faire que de me rire au nez, telle une hyène. Verte de rage, j’ai envie de hurler. J’ai envie de le secouer et de lui ordonner d’arrêter. Mais au lieu de ça, je ne dis rien. Je me contente de le regarder, de me dire qu’il s’agit là d’une énième punition que l’on m’inflige, que mes pêchés ne peuvent être pardonné si facilement. Preuve que la vie est mal faite n’empêche. Je reprends ma route en sentant le froid me geler les membres. Faut dire que porter une simple veste en cuir par ce temps n’est pas une chose des plus raisonnables. Mais je n’avais aucune envie de rentrer chez moi, de voir cet homme qui me dégoute tant. Cet homme qui éprouve de la pitié pour moi alors qu’il est la principale cause de mon terrible mensonge. Je respire profondément l’air frais qui se jette sur mon visage quand mes yeux croisent ceux d’une personne que je connais bien. Est-ce un rêve ? Un cauchemar plutôt. Harper se tient là, juste devant moi et je ne sais même pas quoi lui dire ou que faire. Sourire serait inapproprié après toutes ces choses horribles qu’il m’a dites. Mais comment le blâmer ? Je l’ai fais souffrir, terriblement. Voyant qu’il s’arrête, je décide de lui adresser la parole. Mon manque de lui étant beaucoup trop fort pour y résister… « Bonjour. » De simples mots, qui vont certainement donner lieux à une énième dispute mais qu’importe. Sa présence ma manque, j’ai besoin de lui et il faut réellement que j’arrête de me voiler la face.

Je me demande déjà ce qui m’a pris de lui adresser la parole. Le dégout se lis sur son visage, la haine qu’il ressent à mon égard est si forte que je me sens déjà mal à l’aise. Je me pince, aussi fort que je le peux, de façon discrète afin qu’il ne me voit pas bien entendu. Je suis une pauvre idiote, qui ne sait pas ce qu’elle veut. Rapidement, je comprends que les choses n’ont pas changées, que même si son absence est douloureuse, je l’ai perdu. J’ai perdu l’homme auquel je tiens depuis le jour où j’ai démarré ce stupide mensonge. Pourquoi ne lui ai-je pas dis ? Je l’ignore, probablement trop lâche pour assumer mes actes. Je n’étais pas prête à lire le dégout dans ses yeux, et pourtant c’est exactement ce qu’il se passe aujourd’hui. Harper a trop souffert, je n’avais pas le droit d’en rajouter. Il se montre froid, distant. Voire même méchant. Je ne le reconnais pas, ou plutôt je ne le reconnais plus. Il a l’air triste, terriblement mal en point et je sais que tout ceci est ma faute. Je ne sais même pas quoi dire, je perds littéralement mes moyens à cet instant précis. Il faut que je me reprenne, j’en ai fini de m’excuser et de remuer le couteau dans la plaie. « Je voulais juste être polie… Apparemment, c’est quelque chose que tu as oublié. » Ma voix se révèle moins tremblante que d’ordinaire, j’ose enfin l’affronter. J’ai tous les tords du monde, je le sais très bien. Mais cela ne lui donne pas le droit de me manquer de respect, de me regarder avec ses yeux là. C’est bien trop douloureux… Je refuse que l’on se déchire à nouveau, je ne veux aller de l’avant. Tourner la page. Mais Harper m’en veux encore, terriblement. Comment pourrais-je le blâmer ? Il me parle de cet homme que j’ai épousé, de l’une des plus grosse erreur de ma vie. Remuer le couteau dans la plaie, voilà une chose que Harper sait parfaitement faire. Je sens mon cœur se briser, à nouveau. Et pourtant, je me montre forte. J’essaie de ne rien laisser paraître, de ne pas tomber le masque à nouveau. A quoi bon lui dire qu’il me manque ? A quoi bon lui dire combien je tiens à lui ? Il ne le croirait même pas. « Arrête ça. Pour l’amour du ciel Harper, tout ça ne te ressemble pas ! » Je crie presque, me rendant compte que quelques passants nous regarde d’un air étrange. Je ne veux pas me donner en spectacle, encore moins dans un lieu qui respire la joie. Mais s’il continue de me haïr ainsi, je suis prête à n’importe quoi. « Tu cherches quoi au juste hein ? Tu veux que l'on s’oublie ? Que l’on tire un trait sur tout ça... sur nous ? » Le froid me glace le sang et le vent me fouette le visage. Je ne remarque même pas que mes yeux pleurent, j’ignore d’ailleurs s’il s’agit là de tristesse ou simplement d’un effet du vent. Je n’arrive plus à lire dans ses yeux, je l’ai perdu. Définitivement perdu… Harper ne me pardonnera jamais, alors à quoi bon me battre ?