★ do you really want to hurt me? (r)

Les affaires de Kenna traînaient encore sur le sol de sa chambre. Un mois qu'elle était partie, un mois qu'elle l'avait sauvagement abandonné lors de sa demande en mariage. James ne s'en était toujours pas remis, James ne s'en remettrait sûrement jamais. Personne n'avait eu l'autorisation d'aller dans sa chambre depuis qu'elle était partie, comme si ses affaires encore par terre, étaient une sorte de sanctuaire. Maintes et maintes fois, il avait pensé à les jeter par la fenêtre, les brûler dans sa cheminée ou les déchirer comme elle l'avait fait avec son cœur. Mais elles portaient encore le parfum si envoûtant de la jeune femme, que ce soit sur les quelques vêtements traînant par terre depuis un mois ou sur les deux trois bijoux qu'il lui avait offert. Chaque jour, James s'obligeait à ne pas respirer le parfum de Kenna, chaque jour, c'était un peu plus dur. Aujourd'hui, il l'avait décidé, aujourd'hui devait être le jour où tout devait disparaître. Sortant de la chambre, il s'affala sur son canapé, alluma la télé et zappa sur chaque chaîne de sport possible. Quel bonheur de ne pas travailler en un samedi pluvieux. James avait toujours adoré rester chez lui pendant les journées de mauvais temps, regarder la télé jusqu'à n'en plus pouvoir, cuisiner et jouer de la guitare. Aujourd'hui n'allait pas faire exception. A sa grande surprise, la porte d'entrée claqua. Le jeune homme se leva, curieux de savoir qui pouvait s'introduire chez lui un samedi après-midi sans prendre la peine de frapper au moins à la porte. Son cœur rata un bond quand il découvrit le visage de l'inconnu. Kenna. Son regard se figea sur son visage. Un mois qu'il ne l'avait pas vu et il avait l'impression que c'était des années. Les traits de la jeune femme se durcirent lorsqu'elle le vit arriver. « Qu'est-ce que tu fais là ? » James la regarda fixement, pendant quelques instants. Il n'avait pas l'impression d'avoir la même personne en face de lui. Kenna était une autre personne, pas la Kenna qu'il avait connu avant.

Voir débarquer Kenna à son appartement était la dernière chose à laquelle James s'attendait. Certes, la jeune femme avait habité pendant un long moment chez James et on pouvait dire que c'était leur appartement à tous le deux, mais quand elle était partie, elle avait quitté à la fois lui et leur chez eux. Il la fixa longuement, essayant de retrouver dans ses traits ceux de la femme qu'il avait tant aimé. Kenna lui paressait étrangère, pourtant elle n'avait pas changé. Seul son sourire avait disparu. « Je venais chercher mes affaires. Je pensais que tu serais sorti. » Un sourire ironique, presque méchant, se dessina sur le visage de James. Il laissa même échapper un petit rire. Elle pensait qu'il était sorti, elle comptait donc récupérer ses affaires et partir à nouveau comme une voleuse sans laisser une seule trace. Jamais James n'aurait pu imaginer que Kenna ferait ça. Peut-être c'était l'idéaliser que de penser qu'elle viendrait s'expliquer un jour ou l'autre. « Je suis bien là, figure toi ! » Son ton était sec, froid. Jamais il n'aurait pensé avoir le courage de lui parler de la sorte après tout ce qu'elle lui avait fait subir. Se retrouver en face d'elle, de façon si hasardeuse, lui procurait une force insoupçonnée. « Je peux repasser à un autre moment si tu préfères. » Maintenant qu'elle était là, le jeune homme savait qu'il ne devait pas la laisser fuir. Kenna était très forte à ce jeu là, peut-être même la meilleure, mais aujourd'hui, ça n'allait pas se passer selon les règles de la jeune femme. James s'écarta de la porte d'entrée, lui faisant signe d'entrer. « Puisque tu es là, autant que tu récupères ton bordel maintenant ! » Son ton n'avait pas changé et la colère pouvait se sentir rien qu'à sa façon de parler. Il s'assit sur le canapé, l'invitant à faire de même. « Désolé de te décevoir, mais tu ne prendras pas la fuite tout de suite. » Il faisait référence à sa demande en mariage, qui avait abouti au plus gros échec de sa vie. La scène lui revint en tête dans les moindres détails. Il se rappelait de l'atmosphère romantique, du gâteau, de la robe magnifique qu'elle portait, de ses cheveux bruns dansant sur ses épaules. « Alors tu comptes m'expliquer pourquoi tu m'as laissé tomber ou tu es trop lâche pour le faire? » James se rendit compte que ses mots dépassaient sa pensée, mais il était bien trop tôt pour lui balancer des excuses. C'était à elle de le faire.