LET IT BEND BEFORE IT BREAKS + niv.

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Around here, it's the hardest time of year
Waking up, the days are even gone
The collar of my coat, Lord help me, cannot help the cold
The rain drops sting my eyes, I keep them closed
- brandi carlile ~ before it breaks.

« Tiens, c'est pour toi. Je suis tombée dessus en rangeant l'autre jour, j'ai pensé que ça te ferait plaisir. » Tu dévisages ta sœur, tendant un classeur vers toi. Tu effleures la couverture de cuir du bout des doigts. Il t'est familier, sans pour autant que tu puisses l'identifier. Elle le pose sur le bureau, tandis que tu restes là, hébétée, cherchant pourquoi ce classeur te rappelle quelque chose, sans pouvoir autant mettre le doigt sur quoi. Tu t'assures qu'elle soit bien sortie pour finalement l'ouvrir, et comprendre pourquoi Alicia pensait te faire plaisir en te le donnant. C'est un sourire que tu décroches à la vue de plans, de croquis de la demeure familiale. Enfin, de l'ancienne demeure, puisque techniquement, elle n'appartient plus à ta famille. Toutefois, tu taches de ne pas trop y penser alors que tu tournes les pages. Tu y trouves une quantité assez impressionnante de documents, notamment les plans originaux de la maison, des croquis quant à l'aménagement des pièces, des schémas ... Le tout, allant de la construction de la maison jusqu'à il y a une vingtaine d'années. La maison a subi nombre de changements, en raison du temps, mais aussi de ses occupants, notamment en raison des divers maîtresses de maisons souhaitant personnaliser la propriété selon ses goûts. Toutefois, tu soupçonnes ta sœur d'avoir pour idée de te décourager dans ta quête de rachat de la maison. Tu sais qu'elle ne comprend pas ton obstination. Peut-être essaie t-elle de te faire culpabiliser. Peut-être ceci a pour but de te convaincre de ne pas accomplir l'objectif que tu t'es fixé. Tu commences à imaginer beaucoup de choses. Ce n'est pas par hasard qu'elle a retrouvé ce dossier, tu en es presque sûre en fait.

Tu refermes le classeur, l'attrapant sous ton bras, non pas pour confronter Alicia, mais parce que tu viens d'avoir une idée. Tu sais exactement qui ça pourrait intéresser, peut-être autant, voir plus que toi. L'actuel propriétaire de la maison. Après tout, que tu le veuilles ou non, c'est lui qui la rénove. C'est son nom qui figure sur l'acte de propriété. Et il semble décidé à lui rendre sa splendeur d'antan. Et puis, dans ton esprit tortueux, tu te dis que ça ne peut que t'aider à récupérer cette maison. Te montrer sous un meilleur jour, réaffirmer à quel point tu aimes cette maison, et aussi parce que aller le voir lui, ce n'est pas ce qui te rebute le plus, et ce, même si le voir se pavaner dans ta maison t'horripile. Parce qu'au fond, tu ne digères pas cette situation. Mais, tu sais que tu vas prendre sur toi, et aller jusque chez ton ancien chez toi. Tu jettes un coup d’œil à la pendule, il est dix-sept heures trente. Tu ignores pour combien de temps tu t'absentes, tu dis seulement à ta sœur que tu as une course à faire. De toute façon, celle-ci s'apprête déjà à retourner au travail, elle y passe presque tout son temps. Tu attrapes tes clés et quitte la maison, préférant te rendre dans ton ancienne demeure à pied. Tu grimaces, non pas à cause du froid mordant, mais face à la pluie. Toutefois, ce n'est pas le mauvais temps qui va te décourager, te dis-tu alors que les talons de tes Louboutins ont tôt fait de t'éclabousser les mollets. Ton élan d'enthousiasme laisse place au doute : y vas-tu seulement pour gagner des points, ou plus ? Tu n'en sais strictement rien, et tu préfères te dire que tu y vas parce que tu as tout à y gagner, un point c'est tout. Et ce, même si tu arrives détrempée.

Arrivée devant la porte, tu prends une profonde inspiration. Ce n'est que la seconde fois en vingt-ans où tu te retrouves obligée de frapper pour espérer entrer dans cette maison, et tu as la sensation que tu ne t'habitueras jamais à ça. Patiemment, tu attends, espérant que Niv est là. Finalement, il est bien présent, face à toi, la tête dépassant de la porte entrebâillée. « Euh ... Salut. Je suis tombée sur ça en faisant du rangement, » dis-tu en désignant le classeur que tu as toujours sous le bras. Tu ne sais pas trop comment t'y prendre, tu finis même par douter que tout ceci soit une bonne idée. « Il y a des plans, des schémas, des croquis de la maison, pas mal de vieilles choses. J'ai pensé que ça pourrait t'intéresser. » Non, ce n'est clairement pas une bonne idée. Tu n'assures vraiment pas sur ce coup-là, du moins c'est ce que tu penses. « Tu sais quoi ? C'est complètement stupide, je ferais mieux de partir ... »