shut your eyes, let darkness lead the fight. (césar)

c'est ta nuit, ce soir. pas vrai ? ta nuit et celle de paco, vous courez les rues comme deux gosses de quatorze ans. vous aviez envie de folies, ça vous arrive de temps en temps, et toi, t'aimes quand c'est là. t'as besoin, les soirs, de prendre l'air, de respirer l'air pollué de la ville. et ces soirs-là toi, tu te prends pour tyler durden, t'as envie de te battre dans les rues, de créer un gang avec paco et de ramener des types costauds pour les défoncer. mais ce soir, t'as juste envie de jouer l'anarchiste, de crever des pneus comme un bon petit con. t'as envie de chercher les gars dans les ruelles. tu marches droit devant toi, paco te parles mais tu l'écoutes pas, tu regardes ton portable, gin t'a envoyé un message, tu le lis, ça parle de tout et de n'importe quoi, tu piges pas, mais ça te fait sourire. paco capte que tu l'écoutes pas et il te pousse, puis là, tu te rattrapes sur un type. il te ressemble un peu physiquement, la même corpulence. pas trop baraqué, mais pourtant, toi, t'as des bras de taré. les bras d'un batteur, t'as de la force là-dedans et quand tu frappes, tu fais mal. le type te regarde de travers et tu hausses un sourcil. est-ce que t'aurais pas trouvé une tête brûlée comme toi ? un gars de la nuit qui se croit tout permis ? c'est quoi le problème mon gars ? sourire en coin sur tes lèvres, tu provoques. tu restes devant lui et t'entends paco rigoler derrière toi. tous les deux, vous êtes inséparables, mais lorsque vous vous battez, c'est chacun pour votre gueule, l'autre vient pas aider, il s'en tape pas mal. alors tu t'es déjà retrouvé avec des hématomes pendant que paco lui, il avait encore sa belle gueule. tu sens bien que le gars dans qui t'es rentré, il est comme toi, il cherche à se faire respecter parce que la nuit, c'est son milieu. mais toi, tu partages pas ça. la nuit, elle est à toi ce soir, tu le sais. un peu comme si t'avais la lune à tes pieds, c'est ce que tu penses. tu soutiens le regard, t'as pas peur. t'as peur de rien. et t'as ce truc dans ton regard océan, qui dit bien que tu te défileras pas. et que cette rue est bien trop petite pour vous deux.