RUNNING TO STAND STILL + jackie.

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She is raging
She is raging and the storm blows up in her eyes
She will suffer the needle chill
She is running to stand still
- u2 ~ running to stand still.

Tu as besoin de faire le vide, d'oublier pour quelques temps les soucis du quotidien. Tu ne peux pas tout plaquer comme ça, bien que l'envie de partir un mois pour Key West ou Cape Cod t'es déjà effleuré. Tu ne peux pas tirer un trait sur le bar, sur ta compagne, sur ton ex-femme enceinte, tu ne peux pas prendre des vacances de ta vie. Mais, en revanche, tu peux espérer penser à autre chose le temps d'un jogging. C'est pour cela que tu as proposé à Jackie d'aller courir tous les deux ce matin. L'idée t'es venue lorsque tu t'es levé, et c'est cigarette au bec, attendant que le café coule, que tu lui as envoyé cet sms la prévenant que tu la réquisitionnait pour un jogging en bonne et due forme, avec ou sans son consentement. C'est seulement quelques minutes plus tard que tu as reçu un message de confirmation, tandis que tu avales d'une traite le sacro-saint café. Il est tout simplement impensable de démarrer ta journée sans celui-ci et ta cigarette. Surtout en ce moment. Ta vie n'est pas un cauchemar, parce que ce ne sont pas de mauvaises nouvelles qui te sont tombées dessus. Ce sont même des bonnes nouvelles, mais des nouvelles déconcertantes. Alors, pas question de changer tes habitudes en ce moment, même si ton médecin te fait régulièrement remarquer que tu fumes comme un pompier, tandis que ta consommation de caféine est bien trop élevée pour ne pas être néfaste. Foutaises. Encore un complice des lobbys, te poussant dans les bras des e-cigarettes et autres arnaques. Tu as essayé, tu as échoué à ne pas fumer.

C'est en jogging et pull à capuche gris que tu quittes la maison, adoptant un rythme de course léger pour rejoindre l'immeuble de Jackie. Elle n'habite qu'à quelques rues de chez toi, mais tu grimaces alors que tu ressens la brise fraîche de ce mois de décembre. Tu n'aimes vraiment pas la météo en cette période. Pour toi, le seul intérêt de cette période de l'année, ce sont les fêtes, rassemblant l'ensemble de la famille, dans une grande convivialité. Bien sûr, tu les vois le reste de l'année, étant très attaché aux repas du dimanche, mais les fêtes de fin d'année ont une certaine magie qui fait que tu ne parviens pas à détester cette période pourtant trop fraîche à ton goût. Tu arrives alors au niveau de l'immeuble de Jackie, cherchant le bouton de l'interphone. « Jackie, c'est moi. T'es prête ? »

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run, run, runaway
runaway baby

Malgré l'heure matinale, ses yeux marrons étaient ouverts, ronds comme des soucoupes. Distraitement, elle fixait le haut plafond blanc, totalement incapable de fermer les yeux. Pour cause, Doherty était déjà réveillé et dire qu'il était en forme n'était qu'un vulgaire euphémisme. Autant elle l'aimait, autant elle le détestait. Aujourd'hui était probablement l'un des jours où Jackie n'avait qu'une envie : étrangler son colocataire et le pendre par les pieds au lustre. Cependant, elle attrapa ses oreillers et les pressa sur chacune de ses oreilles dans le but d'étouffer le bruit qu'il faisait. En vain. Elle soupira longuement, préparant mentalement son plan pour le tuer en toute discrétion. Ses neurones n'étaient pas du même avis, refusant catégoriquement de réfléchir. Cowells abandonna, laissant tomber les coussins de chaque coté du lit tout en laissant échapper un râle. Prête à se lever et à réellement oublier Morphée et ses bras si confortables, la jeune femme fut retenue par la sonnerie de son portable. Elle hésita puis fini par attraper l'appareil. Sauvée par le gong. Elle eut un léger sourire en coin et, tandis qu'elle laissa tomber le téléphone sur son lit, elle se leva d'un bond afin de fouiller dans son placard. Elle fini par en sortir des vêtements confortables et parfaits pour courir ainsi qu'une paire de basket. Elle s'empressa de filer sous la douche en toute discrétion pour ne pas que Doherty lui tombe dessus. A peine eut-elle fini qu'elle trouva un nouveau message. Jack était des plus rapides. Elle roula des yeux et s'habilla en quatrième vitesse. Sachant que son apparence post-course n'allait pas être des plus fameuses, elle ne pris pas la peine de se faire une beauté et attacha simplement ses cheveux en un chignon sur le sommet de son crâne.

Ce fut tout aussi discrètement qu'elle quitta l'appartement, plutôt heureuse de ne pas avoir attirée l'attention de son colocataire malgré la sonnerie. Doherty était bien trop occupé à faire elle ne savait quoi pour s'en rendre compte. Néanmoins, Jackie savait parfaitement que cette tranquillité ne serait pas éternelle. Donc autant profiter de son répit. Elle dévala les marches deux à deux puis, ouvrant la lourde porte de l'immeuble, elle adressa un large sourire à l'homme qui se tenait droit devant elle.  « Alors, prêt à te prendre la raclée de ta vie en course ? »

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She is raging
She is raging and the storm blows up in her eyes
She will suffer the needle chill
She is running to stand still
- u2 ~ running to stand still.

Alors, tu la vis arriver, visiblement pressée, soit de faire son jogging, soit d'échapper à son chez elle. Tu penches plutôt pour la deuxième option, tu as déjà eu quelques aperçus de la relation qu'entretiennent depuis maintenant un an Jackie et son colocataire. C'est que, tu en entends souvent parler, et tu as déjà eu l'occasion de voir ces deux-là dans la même pièce. Tu peux la voir, Jackie, plantée droit comme un i devant toi, un large sourire aux lèvres. Toi aussi, tu es enthousiaste. Malgré l'air frais, malgré le fait que tu croules sous le poids des nouvelles brutales, tu ne te sens pas mal, tu te sens même bien. « Alors, prêt à te prendre la raclée de ta vie en course ? » Tu éclates de rire, tout simplement. Tu ne comptes pas te laisser vaincre, au contraire. Tu as toujours eu ce fichu esprit de compétition, aussi loin que tu te souviennes. C'est probablement pour cela que tu as joué au baseball dès ton plus jeune âge, ou que tu as toujours cherché à être le meilleur en classe, que tu es parvenu à obtenir une bourse pour étudier à Yale, que tu as travaillé comme trader pendant deux ans, avant de tout plaquer. Ta vie a toujours été pleine de défis que tu t'es fixé, que le destin t'a lancé. « Ne viens pas pleurer lorsque je vais te faire mordre la poussière ! » Tu dis cela avec un grand sourire, sur un ton mi-sérieux, mi-amusé. L'ambiance est bonne enfant, c'est une habitude chez vous de vous lancer ce genre de vannes, afin de repousser ses limites, encore et toujours.

Vous adoptez tous les deux une allure de course, petit à petit. Concentré sur tes foulées, ce n'est qu'au bout d'un moment que tu interromps le silence qui s'est installé alors que vous faîtes le tour du quartier. « Allez, raconte : quoi de neuf Doherty et toi ? » Tu dis cela avec un sourire, car entendre Jackie te raconter les dernières frasques ou les dernières gamineries qu'elle a eu avec son colocataire t'amuse énormément.